Edito Octobre 2022
Chers frères et sœurs,
En cette période morose d’inflation et de pénuries diverses, il me semble judicieux d’attirer votre attention sur le thème de la joie, un des neuf fruits de l’Esprit-Saint. En effet, quelles que soient les difficultés auxquelles nous sommes confrontés, la joie divine est un don surnaturel pour nous soutenir dans la vie.
La joie divine, bien supérieure à une simple satisfaction naturelle, est un état de grâce qui résulte de notre foi en Dieu, particulièrement lorsqu’on a conscience d’être proche de Lui. Cette perception spirituelle engendre alors une saine confiance en soi et irradie progressivement toutes nos pensées et toutes nos activités. Elle génère une espérance et aussi un état d’esprit positif, un allant et un enthousiasme qui, combinés à la volonté, permettent de vivre le quotidien avec une grande confiance en Dieu, aussi bien dans les moments heureux que malheureux de notre existence.
Cette joie divine, subséquemment, n’est ni le fait de « s’éclater », ni une exultation béate qui nous pousserait à fuir les soucis de ce monde pour planer dans une sorte d’état mystique nuageux. Non ! Bien au contraire… Tout en nous gardant les pieds sur terre, cette joie permet de nous épanouir et de nous émerveiller en toutes circonstances, sans naïveté, des rencontres que nous pouvons faire, des événements que nous pouvons vivre. Elle nous permet ainsi de percevoir la présence quotidienne de Dieu dans notre vie. C’est ce « petit plus spirituel » qui, je trouve, fait cruellement défaut à bien de nos contemporains que je crois volontiers blasés et saturés par le matérialisme et le consumérisme ambiants, lesquels étouffent, malheureusement, toute velléité d’élévation spirituelle et de croyance en Dieu au sein de notre société.
Permettez-moi, dès lors, cette digression. De nombreux contemporains se disent athées par rapport à « notre » Dieu. Pourtant, paradoxalement, ne mettent-ils pas allègrement leur foi en leur position sociale, leurs biens matériels, le progrès scientifique ? Ne s’agit-il pas là, en réalité, de croyances en des dieux multiples ? Une sorte de polythéisme culturel ? Mais ces nouvelles idoles peuvent-elles véritablement et honnêtement procurer la même joie ?
Par conséquent, soyez sur vos gardes : « Tout disciple de Jésus doit se garder de cette « blasitude » propre aux sociétés modernes. N’est-ce pas d’ailleurs chose étrange que l’esprit de ce monde, revendiquant l’épanouissement de l’individu par une émancipation de la tutelle de Dieu, entraîne ceux qui le suivent, en fin de compte, à se réveiller un jour avec la « gueule de bois ? » En effet, qui pourrait sincèrement affirmer que le matérialisme, l’individualisme et le relativisme, sorte de trinité divine des temps modernes, soient capables de combler la soif de transcendance inhérente à l’homme ? Seul Dieu peut procurer cette joie divine. « Lorsqu’il y a ce contact avec Dieu, il y a la joie. » (Benoît XVI). Cette joie est donc intimement liée à la foi en Dieu, les deux allant de pair.
C’est bien ce qu’attestent ces quelques passages de la Bible qu’il peut être fort utile de (re)lire en ce mois d’octobre :
- « Tu m’apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie ! » (Ps 15, 11).
- « Ton amour me fait danser de joie. » (Ps 30, 8).
- « N’est-ce pas toi qui reviendras nous faire vivre et qui seras la joie de ton peuple ? » (Ps 84, 7).
- « Joie pour les cœurs qui cherchent Dieu ! » (Ps 104, 3).
- « Je vous ai dit ces choses afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. » (Jean 15, 11).
- « Vous en tressaillez de joie [de se savoir héritiers du Royaume de Dieu], même s’il faut que vous soyez attristés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves. » (1 Pierre 1, 6).
- « Lui que vous aimez sans l’avoir vu, en qui vous croyez sans le voir encore ; et vous tressaillez d’une joie inexprimable qui vous transfigure. » (1 Pierre 1, 8).
- « Le Royaume de Dieu ne consiste pas en des questions de nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l’Esprit-Saint. » (Romains 14, 17).
- « Et vous, vous avez commencé à nous imiter, nous et le Seigneur, en accueillant la Parole au milieu de bien des épreuves avec la joie de l’Esprit-Saint. » (1 Thessaloniciens 1, 6).
- « En définitive, frères, soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous. » (2 Corinthiens 13, 11).
- « Enfin, mes frères, soyez dans la joie du Seigneur. » (Philippiens 3, 1).
En ce mois d’octobre, traditionnellement coloré de la joie mariale qu’offre la prière du Rosaire en unissant nos méditations avec celles de la Vierge Mère, permettez-moi, chers frères et sœurs, de vous souhaiter cette joie divine en plénitude, celle qui fait rayonner le Christ et l’amour de son Église pour le bien des âmes et le salut de tous. C’est tout le bien que je vous souhaite 🙂
Abbé Jérôme MONRIBOT
Vicaire de la Paroisse St Louis
De La Roche-sur-Yon en Pays Yonnais