Edito novembre 2022
Chers frères et sœurs,
Lv 11, 44 : « Moi, le Seigneur, je suis votre Dieu. Vous vous sanctifierez et vous serez saints car moi, je suis saint ».
Comme chaque année nous fêtons la Toussaint.
Dans l’antiquité, l’Église, en plusieurs endroits, a d’abord célébré une fête de tous les martyrs, avant de fêter une fête de tous les saints. Cette fête fut déplacée une première fois à la date du 13 mai, en l’an 610, par le pape Boniface IV. Ce jour-là, il fit transporter dans l’ancien temple païen du Panthéon, à Rome, toutes les reliques des martyrs des catacombes romaines. Le Panthéon devint alors l’église « Sainte-Marie de tous les martyrs ». Un siècle plus tard, la Toussaint est transférée définitivement au 1er novembre par le pape Grégoire III, qui dédicaça, ce jour-là, une chapelle de Saint-Pierre de Rome en l’honneur de tous les saints. En 835, Grégoire IV ordonna que cette fête soit célébrée dans le monde entier. Mais ce n’est qu’au XXe siècle que Pie X en fait une fête d’obligation et qu’elle devient donc une fête chômée.
Nous regardons peut-être régulièrement le nom des saints pour savoir à qui nous souhaiterons bonne fête le jour même ou le lendemain, soit sur un calendrier, soit lors du bulletin météo. Si un seul saint est mentionné chaque jour, nous nous doutons qu’il n’y en a pas que 365 ou 366. Le martyrologe romain, livre officiel de l’Église, recense près de sept mille saints ou bienheureux, ceux qui ont été reconnus tels par l’Église. Ils sont ainsi plusieurs (souvent plus d’une vingtaine) par jour à être célébrés par l’Église. Ceux qui sont moins connus sont seulement célébrés localement, là où ils ont vécu.
Toutefois la multitude des saints ne se limite pas à quelque sept mille personnes. Ainsi, dès les origines, cette fête de la Toussaint voulait vénérer tous les martyrs dont on n’avait pas conservé le nom. L’Église sait bien que beaucoup d’autres ont également vécu en suivant le Christ dans la fidélité à l’Évangile sans être béatifiés ou canonisés.
Cette fête est aussi l’occasion de rappeler que tous les hommes sont appelés à la sainteté par des chemins différents, au sein de vocations différentes. Elle nous invite à considérer que la sainteté n’est pas la perfection, même si l’évangile nous invite souvent à la perfection, comme but vers lequel il nous faut tendre. Toutefois, nous savons que la perfection n’est pas de ce monde et nous savons aussi combien de saints ont eu leurs défaillances : saint Pierre a renié Jésus, saint Jérôme qui était célèbre pour ses colères, etc. Si les saints ne sont pas sans péché, leur vie reflète toutefois la présence du Christ en eux et leur vie est remplie de la miséricorde de Dieu qu’ils ont demandée.
La sainteté nous est à la fois demandée et donnée par le Christ. Le concile Vatican II continue de nous rappeler l’appel universel à la sainteté. Dans la constitution Lumen gentium, sur l’Église, nous pouvons lire notamment au numéro 40 : « Maître divin et modèle de toute perfection, le Seigneur Jésus a prêché à tous et chacun de ses disciples, quelle que soit leur condition, cette sainteté de vie dont il est à la fois l’initiateur et le consommateur » (LG 40). Pourquoi ne pas relire à l’occasion de cette fête les numéros 40 à 42 de Lumen gentium sur l’appel universel à la sainteté ?
La sainteté n’est donc pas réservée à une élite. Elle devrait devenir le propre de tous les chrétiens. Elle concerne tous ceux qui ont choisi de suivre le Christ. Depuis le pape Jean-Paul II, les nombreuses béatifications et canonisations, nous invitent à considérer cette réalité. Ces différentes figures de sainteté, de toutes époques, nous encouragent à poursuivre notre marche vers la sainteté, nous rappellent que la sainteté est possible pour tous, nous montrent que l’Esprit continue son œuvre de sanctification dans le monde et dans nos vies.
Placée dans l’antiquité à proximité des fêtes de Pâques et de Pentecôte, cette fête nous invitait à suivre ceux qui ont mis le Christ au centre de leur vie, se sont laissés guider par le Saint-Esprit et ont vécu de l’espérance de la Résurrection. Placée aujourd’hui vers la fin de l’année liturgique, cette fête nous invite à tourner notre regard vers le ciel et vers Dieu avec qui nous espérons vivre dans la communion éternellement : « notre cité se trouve dans les cieux » (cf. Ph 3, 20).
Abbé Olivier MONNIOT
Prêtre de la paroisse Saint-Louis de-La-Roche-sur-Yon-en-pays-yonnais