Edito Décembre 2022

Sur la terre et tendu vers les Cieux

Une nouvelle année liturgique commence avec ce premier dimanche de l’Avent qui se clôturera avec la nuit de Noël. Une tension existe entre ses deux pôles – l’attente du retour du Christ en gloire – et l’émerveillement de la présence du Verbe fait chair au cœur de la nuit.

-Nous attendons ton retour dans la gloire – Le Temps de l’Avent, du latin adventus, c’est-à-dire l’avènement, est pour nous ce moment où nous exerçons particulièrement notre vertu théologale d’espérance en nous préparant au retour du Seigneur. Le grand poète chrétien Charles Péguy en a très bien parlé dans Le Porche du mystère de la deuxième vertu. Le regard tourné vers le Ciel nous avançons résolument, car l’espérance fait marcher. Mais nous marchons aussi résolument sur la terre. Péguy refuse le christianisme désincarné, pour lui être catholique c’est « travailler dans le temporel », c’est « peiner toute sa vie, tout son temporel, dans le temporel ». Il défend avec force l’aspect incarné de la sainteté chrétienne. Il faut que le temporel se tourne vers l’éternel mais sans jamais démissionner. Bien au contraire en plongeant dans les contingences avec la plus grande espérance. C’est une remise des réalités matérielles au service de la ferveur.

Péguy dira : « le chrétien travaille non seulement pour la Cité éternelle mais pour l’histoire. La sainteté fait jaillir un élan, un souffle, une prière qui monte droit, une intention verticale, mais elle le fait en s’arrachant à la glaise, en traversant les couches sédimentaires, horizontales, les « séculiers détritus » du temps et de l’histoire ».

Bref, enracinés dans notre foi au retour du Christ, à son second adventus qui sera cette fois-ci dans la Gloire, chacun de nous a vocation à mettre l’éternel dans le temporel sans être prisonnier de l’histoire qui passe.

-Le Verbe se fait chair – Pourquoi le verbe se fait chair ? Méditer cette vérité est une source de conversion permanente. Il ne faut pas nous habituer à cet aspect de la foi au risque d’oublier ce qui constitue toujours pour d’autres croyants soit une folie, soit un mensonge.

Quelles sont donc les finalités de l’Incarnation ? Elles sont au nombre de quatre.

1/ Tout d’abord Dieu se fait homme pour que nous puissions le connaître, il parle ainsi dans ses faits et gestes sans risque d’erreur.

2/ Ensuite, l’Incarnation est en vue de notre Salut, le pardon des péchés. L’incarnation est orientée vers la Croix. C’est pourquoi nos frères orthodoxes représentent dans les icônes de la Nativité le nouveau-né recouvert d’un linceul, l’enfant naît pour mourir pour nous.

3/ Par ailleurs, Le Verbe se fait chair pour que nous l’imitions, car il est le Chemin, la Vérité et la Vie (Jn 14,6). 4/ Enfin, la venue du Fils éternel parmi nous est pour nous faire entrer dans l’adoption divine, pour partager la vie même de Dieu, ce que les orientaux appellent la divinisation comme le souligne l’épitre de saint Pierre (2P, 1,4). 

La contemplation de l’Incarnation du Verbe est donc un chemin spirituel qui va de la connaissance du Don de Dieu, à l’accueil de ce Don, pour être transformé par ce Don. Ayons conscience que dans cet itinéraire spirituel, c’est toute notre vie dans sa courte histoire terrestre qui est traversée par ce mystère, c’est peu à peu la divinisation qui commence et qui aboutira à la vision face à face dans la Gloire.

Très bonne année liturgique !

Abbé Jean-Marie PARRAT

Prêtre de la paroisse Saint-Louis

De La Roche-sur-Yon en Pays-Yonnais