Editorial DÉCEMBRE 2024
De Nemo à Totus
Nemo, ce n’est pas seulement le nom du Capitaine du sous-marin Nautilus, dans le roman Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne. C’est aussi un point particulier du globe, le plus éloigné de toute terre habitée, quelque part dans l’étendue effrayante des furieuses mers du sud, qu’empruntent les courageux skippers du Vendée Globe. Sans doute auront-ils l’occasion de méditer sur la petitesse de l’homme dans l’immensité de la création ; peut-être de faire monter une prière vers le Créateur avec le Psaume 8 : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? » (v. 5). Dans un environnement déchaîné, dans l’isolement qui empêche tout secours immédiat, dans le péril plus ou moins imminent d’une mort possible, dans l’incertitude angoissante d’une arrivée à bon port, les marins font face, rassurés par le contact lointain du PC de course des Sables-d’Olonne.
N’est-ce pas une belle allégorie de notre temps de l’Avent ? L’homme, marqué par le péché, ballotté à tous vents des maux de ce monde et des hommes, angoissé par la mort inéluctable, isolé dans le nemo (le rien) d’une condition de créature fragile exposée à chuter dans le néant et les abysses du mal, l’homme n’est pas oublié par le Père Consolateur divin. Dieu lui donne l’espérance et, au milieu des tempêtes qui font rage, fait briller l’étoile de la mer, Stella Maris, annonciatrice de l’aurore qui vient. Nous fêtons sa Conception Immaculée en ce 8 décembre, joie, qui affleure déjà, de l’Astre d’en-haut qui se lève au jour de Noël, Lumière pour éclairer les nations.
L’Avent est résolument le temps de l’espérance dont notre monde manque tant. Nous, chrétiens, ne pouvons pas sombrer dans la noirceur du désespoir, grande tentation du moment, alors que la victoire est déjà acquise, que le Verbe s’est fait chair, qu’Il est mort et ressuscité pour nous, et qu’Il nous appelle à partager sa vie en plénitude. Cette bonne nouvelle est pour tous les hommes de bonne volonté. Ne la gardons pas pour nous, car elle se fortifie en nous à mesure même que nous en témoignons. « Malheur à moi, si je n’annonce pas l’Évangile ! », dit saint Paul (1Co 9, 16). Chacun, selon son tempérament, son charisme, ses talents et son désir, est invité à témoigner, personnellement en ses lieux de vie ; communautairement, dans l’accueil de ceux qui passent dans notre paroisse et ses églises, ou encore avec le parcours CINE.
Que le Seigneur nous donne ce feu intérieur, et la joie débordante de l’Évangile, car le Messie vient bientôt ! Nous passerons ainsi du nemo de ce monde en souffrance et en recherche, au Totus de notre Dieu qui veut être « tout en tous » (1Co 15, 28). La Vierge Marie nous montre le chemin : Dieu tout à Elle ; Elle tout à Dieu, et nous tout à Elle pour mieux être tout à Dieu, en son Fils qui naît à Bethléem.
JOYEUX et SAINT NOËL à vous tous !
Abbé Philippe-Marie Airaud